Mon père était un elfe poète. Rien de bien surprenant jusque là.
Seulement il était poète reconnu par-delà les terres du Lordnor. Il fut Poète Suprême de la Cour du Régent Elenderill le Septième, chef des Légions Ardentes. Son titre nous permit, à moi et les miens, de voir différentes contrées dont nous n'aurions soupçonné l'existence un moment.
Mon père tenait à cet enrichissement constant. Et un particulièrement lui tenait à coeur :
l'alliance des sonorités vocales et musicales. Il m'apprenait à chanter les poèmes, sans que le ton ni l'expression ne fassent défaut.
Le soir, il allait jusqu'à changer les contes classiques narrés par les troubadours en récit de Poètes bravant les souffrances et les persécutions par leur force de création artistique. Même s'ils devaient souffrir et mourrir, Les Poètes Oubliés jamais n'omettaient de penser.
Pour cela j'ai respecté mon père. Pour sa profonde philantropie et pour ses convictions.
Mais les elfes, ces barbares...
Ils l'ont craint. Ils l'ont surveillé. Ils l'ont persécuté.
Son charisme, sa crédibilité leur faisaient craindre qu'il n'emploie ses majestueux talents à des fins politiquement incorrectes.
Et puis, "pour le bien de la Communnauté Elfique, et pour la sécurité de notre Noble Race", ils l'ont emprisonné.
Mais, pour ne pas déplaire à ses adorateurs -et ils étaient nombreux- ,ils décidèrent de le laisser, seul, dans les géôles putrides des Prisons de Guet, pour simples pillards et maraudeurs.
Et ils le laissèrent longtemps. Ils le nourrissaient pitoyablement, l'abandonnaient à son malheur, mais il vivait. Si bien que plus les cycles s'écoulèrent, plus les gens oublièrent ses idéaux, sa mémoire et son existence.
Enfin, quand il put constater qu'il était seul, oublié de tous, quand ils lui révelèrent que tous ses grands projets étaient en cendres, sa vie détruite et son talent méprisé, ils le laissèrent mourir.
Ce dont je suis persuadé, c'est que jamais mon père n'a cédé à leurs insultes, au mépris et à la moquerie. Il aura toujours vu au-delà... Seul, mais conscient.
C'est pourquoi j'ai renié ma race.
C'est pourquoi ma réputation amènera mes frères de sang à me considérer comme une anomalie, un jour...
Je pû retrouver la sérénité oubliée chez les LPO, sous le règne d'Alisnas, Fils d'Alagnir, Troll Poète.
Il m'apprit tout ce qui, aujourd'hui, me permet de mener ce glorieux clan à la guerre, lorsqu'il nous faut défendre nos idéaux ou nos maisons.
J'ai conservé une des valeurs premières de mon père: ne jamais rejetter personne, ni même ceux qui vous font du mal.
C'est dur, et il m'est arrivé plus d'une fois de faillir à cette règle. Mais j'essaye, et c'est pourquoi je ne tiens pas de rancune aux Elfes, exceptés ceux de la Cité des Légions Ardentes. Jamais l'un d'entre eux ne franchira le pas de notre Taverne.
Je suis Kalays, fils de Celephays, Poète Suprême des Poètes Oubliés, et je guide mon clan avec fierté. Mes hommes sont aussi mes amis. J'ai été élu loyalement par eux, et j'entends leur rendre justice.
Siégeant au Haut-Conseil de la Confédération Hordique, alliée officielle de la Crypte, nous comptons sur l'aide et le renfort si nécéssaire de très nombreux alliés.
Notre clan redevient guerrier et des opérations sont organisés frequemment.